lettre d un poilu à sa femme

Cest devant une bonne affluence et la présence du corps des sapeurs-pompiers réunis par l’adjudant Christophe Grillot que Henoc Royer pour les anciens combattants lisait le message de l’UFAC. Lucien Roux adjoint au maire lisait une lettre de Léon Guilhot aux Merles adressée à son épouse le 12 juin 1915 montrant tout le drame Le30 mai 1917. Léonie chérie. J’ai confié cette dernière lettre à des mains amies en espérant qu’elle t’arrive un jour afin que tu saches la vérité et parce que je veux aujourd’hui témoigner de l’horreur de cette guerre. Quand nous sommes arrivés ici, la plaine était magnifique. Aujourd’hui, les rives de l’Aisne Lettred’un poilu Le 3 août 1914, l'Allemagne déclare la guerre à la France. Tous espèrent que les hostilités seront de courte durée mais le conflit se prolonge. Cette guerre moderne, pour laquelle on met au point de nouvelles armes redoutables, durera quatre ans et laissera derrière elle des millions de morts et d'invalides, soldats et civils. Les Archives 19141918 : Lettre d’un homme à sa petite fille Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction deslettres cochonnes d’écrivains, une belle allumeuse cette George Sand. C'est samedi, c'est l'instant sesque. Vous pensiez que les écrivains passaient le plus clair de leur temps le nez dans nonton true to love sub indo dramaqu. -35% Le deal à ne pas rater KRUPS Essential – Machine à café automatique avec broyeur à ... 299 € 459 € Voir le deal Le Forum Des Lecteurs Forum Livre Littérature générale classification par genres Culture générale 5 participantsAuteurMessageMargotPimousse cassisNombre de messages 2309Localisation Con Quijote perdida en la Mancha Date d'inscription 18/02/2005Sujet Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Lun 1 Mai 2006 - 1236 Ils avaient 17 ou 25 ans. Se prénommaient Gaston, Louis, René. Ils étaient palfreniers, boulangers, colporteurs, ouvriers ou bourgeois. Ils devienrent soudainement artilleurs, fantassins, brancardiers...Voyageurs sans bagages, ils durent quitter leurs femmes et leurs enfants, et revêtir l'uniforme mal coupé, chaussures et godillots cloutés...Sur 8 millions de mobilisés entre 1914 et 1918, plus de deux millions de jeunes hommes ne revirent jamais le clocher de leur village natal. Plus de 4 millions subirent des blessures graves ...Mon avis touchant, bouleversant. Les soldats décrivent le quotidien de la guerre avec un sang froid extraordinaire. Certaines descriptions sont à peine croyables. Je le conseille vraiment, ces mots ont été écrits dans la boue et l'horreur mais ils n'ont pas vieilli d'un jour. Brume crépusculaireMadame TotoroNombre de messages 521Age 43Localisation entre les rêves et l'écume des vaguesDate d'inscription 26/12/2005Sujet Re Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Lun 1 Mai 2006 - 1545 Oui, je confirme, bouleversantes ces lettres ...Il y a quelques années j'avais bossé sur quelques lettres avec mes CM2 ... J'avoue que c'est une des seules leçon d'histoire qui l'ait intéressés ... j'avais choisi quelques lettres bien poignantes, deux d'entre elles les avaient interpellé l'épisode où les allemands tuent tous les blessés d'un hôpital et les infirmières et un autre où des soldats français sauvent des blessés allemands ... jujugStagiaire en bibliothèqueNombre de messages 57Localisation Saint Brice sous forêt 95Date d'inscription 01/02/2006Sujet Re Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Lun 1 Mai 2006 - 1548 Citation Les soldats décrivent le quotidien de la guerre avec un sang froid extraordinaire. Certaines descriptions sont à peine croyables. Je le conseille vraiment, ces mots ont été écrits dans la boue et l'horreur mais ils n'ont pas vieilli d'un jour. Je suis assez d'accord pour dire que cet ouvrage fait vivre largement mieux le thème de la guerre 14-18 que tout autre ouvrage historique, ou du moins qu'il est un préalable indispensable si l'on veut un minimum comprendre la période. D'ailleurs, je m'en sers systématiquement dès que j'aborde ce thème en contre parler de sang-froid dans ce cas me paraît inadapté la peur, le découragement, la lassitude, le désespoir, l'horreur des combats transparaissent dans chaque témoignage, certains s'adressent vraiment à notre ressenti, et s'il s'agisait de rédaction de sang-froid, les textes seraient bien plus aseptisés. Dans la même collection et sur un thème différent, il y a également '"paroles d'étoiles" témoignages cinquante ans après d'enfants juifs cachés pour éviter les rafles pendant la seconde guerre mondiale. Ce n'est pas du témoignage à chaud comme pour les poilus mais c'est émouvant également. jonkalakDouble daddyNombre de messages 2435Age 45Localisation Planet earthDate d'inscription 25/11/2004Sujet Re Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Ven 17 Nov 2006 - 1552 Je n'ai pas lu ce livre mais une petite intervention pour vous parler d'un projet très intéressant autour de ces éditions Soleil et France Inter ont entrepris d'adapter ces lettres au format BD. 20 lettres parmis les plus intéressantes ont été sélectionnées et confiées à 20 auteurs contemporains de bande dessinées pour une mise en le résultat entre les mains et je ne manquerais pas de vous en parler quand je l'aurais en feuilletant un petit peu c'est déjà pas lettre est accompagnée d'un petit texte parlant de son auteur avec même des photos parfois. Suit la mise en tout est vendu 14€95 pour un album de 160 pages c'est pas si cher .Plus d'info ici avec en particulier la couverture et une planche. shenzyPrincesse aux petits de messages 3741Age 32Localisation somewhere over the rainbow...Date d'inscription 04/11/2004Sujet Re Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Mar 21 Nov 2006 - 2250 Je me disais bien qu'on en avait dejà parlé de poilus. Citation Par contre parler de sang-froid dans ce cas me paraît inadapté la peur, le découragement, la lassitude, le désespoir, l'horreur des combats transparaissent dans chaque témoignage, certains s'adressent vraiment à notre ressenti, et s'il s'agisait de rédaction de sang-froid, les textes seraient bien plus aseptisés Je suis tout a fait d'accord avec toi, je n'y ai pas ressenti "un sang" froid mais une realité exposé dans l'urgence. Un temoignage par moment qui ressemble a un dernier cri afin qu'on ne les oublie pas un peu comme les otages d'un avions qui ecrivent vite un dernier mot a leurs familles voyant le crash arriver a grand pas. Certains plien d'espoirs tentent de profiler un futur, d'autres n'y croient plus et puis l'expression de leurs douleurs, leurs desespoirs, leurs espoirs, et tout ce que la guerre a de plus horrible m'a profondement bouleversé. C'est d'autant plus difficile a imaginer que nous n'avons pas connu la guerre et notre connaissance est celle de film ou de peu comme dans le journal d'Anne Franck, ces lettres etant veridiques nous plongent dans ce qu'a du etre l'horreur de ces hommes et imaginer en plus leurs familles les lire et souffrir avec eux est encore plus avoir étudié la condition des femmes dans tous les temps et dans tous les pays, je suis arrivé à la conclusion qu'au lieu de leur dire bonjour, on devrait leur dire pardon"Alfred de Vigny Contenu sponsoriséSujet Re Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Parole de poilus - lettres et carnets du front 1914-1918 Page 1 sur 1 Sujets similaires» Paroles de poilus - Lettres et Carnets du front 1914-1918» Une aventure rocambolesque de..., de Manu Larcenet» Les carnets du Major Thomson de Pierre Daninos» Lettres anglaises - Olivier Barrot Bernard Rapp» Les lettres de mon moulin- Alphonse DaudetPermission de ce forumVous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forumLe Forum Des Lecteurs Forum Livre Littérature générale classification par genres Culture généraleSauter vers Depuis janvier 2009 que je tiens ce blog, je fais en sorte de ne pas le limiter à l’unique sujet du Voyage. Digressions, réflexions, pensées et autre hors-sujets présumés sont des invités récurrents de ce lieu et j’en suis purement satisfait ainsi. Aujourd’hui, c’est à des années-lumière de tout cela que je vous emmène, back très très far away in the time, puisque le sujet de cet article date de 1916 et de la bataille de Verdun. Lorsque j’étais lycéen, au siècle dernier, ma professeure d’histoire nous avait fait étudier en profondeur le légendaire recueil Paroles de Poilus. Elle m’avait, dans le cadre de cette étude, donné à lire la photocopie d’une lettre écrite par l’un de ces soldats à sa femme, à la veille de Verdun. De cette lettre et de son auteur, je ne sais qu’une chose il est effectivement mort peu après et son témoignage s’est transmis de génération en génération, jusqu’à arriver, nul ne sait trop comment, entre mes mains. Sa lecture me touche toujours autant et c’est pourquoi la voici donc, maintenant, in extenso Ma très chère et très aimée Marie, Dieu l’a ainsi décidé, cette lettre est la dernière que vous lirez de moi ! Je l’écris après avoir reçu l’ordre de diriger une attaque qui doit entrainer les plus grands sacrifices – le mien en particulier. Je la confie à un officier du 232ème, le lieutenant Ruez, qui vous la fera parvenir, quand mon sacrifice aura été accompli. Je t’offre volontier [ma vie] à la France, en vue de la grandeur de laquelle j’ai toujours travaillé et vécu. Je partirai en Chrétien, après avoir accompli mes devoirs religieux. Ceci sera pour votre âme si chrétienne la meilleure des consolations pendant notre séparation momentanée; ce sera un exemple pour nos chers enfants. En vous quittant ainsi, je vous laisserai, je l’espère, un souvenir qui vous soutiendra dans la vie. Soyez assurée que je vous aime comme je vous ai toujours aimée et que j’emporte dans le cœur notre image chérie, ainsi que celles de mes quatre enfants, dans l’âme desquels vous me ferez revivre. Le temps nous manque pour adresser un dernier adieu à ma bonne et vénérée mère, je vous prie de lui annoncer ma mort au Champ d’Honneur. Venant de vous qu’elle affectionne particulièrement, ce coup lui sera moins rude. Dites-lui que son âme a forgé la mienne et que je l’embrasse du fond de mon cœur, ainsi que mon père qui fut mon modèle. Je n’oublie aucun des nôtres dans ma dernière vision de la Vie. Mon baiser le plus affectueux à mes chers petits Pierre, Louis, Anne et Charlotte; à vous mon plus tendre adieu et au Revoir ! Votre Paul Je n’ai pas l’habitude de parler de choses aussi tristes, mais récemment j’ai écouté en livre audio Un long dimanche de fiançailles ». Je n’avais vu que le film, qui avait fait un tabac lors de sa sortie en salle je n’avais pas réellement accroché à l’époque, mais dont l’ambiance et le fond du livres sont différents du le livre, on table beaucoup plus sur les correspondances entre soldats, les lettres de poilus, les lettres que Mathilde reçoit et envoie durant son enquête dans le but de retrouver son amoureux perdu à Bingo Crépuscule… La lecture des acteurs sur un fond de violons assez tristes et des bruitages bien adaptés m’ont plongé dans une réflexion profonde sur cette première guerre mondiale. Lorsqu’on réfléchit à notre mode de vie actuel, comparé à celui des soldats dans les tranchées de la première guerre mondiale, on ne peut qu’en être attristé, affligés et plus guerre est atroce, ce genre de guerre encore me suis donc penché, nostalgique sur le coup, sur ce que pouvait ressentir un PAPA, un MARI, UN FRÈRE ou un FILS. Loin des siens au front, sa famille en retrait languissant son retour autant que à quelques requêtes sur Google, j’ai lu et écouté des lettres de soldats, de poilus, des récits envoyées aux leurs, du début de la guerre jusqu’à la fin dans les tranchées, vivant dans des conditions de vies de plus en plus aux livres d’histoire, aux articles des journaux ou des blogs parlant de cette triste période, ces lettres et récits de poilus donnent le ton, le vécu, les sentiments, le courage, l’héroïsme, la naïveté de certains, les appels à l’aide ou encore le désespoir des autres les mois passant, tout un panel de sentiments qui ont fait de ces soldats des lettres de poilus à écouter…En vidéo, des témoignages de poilus sur leur vie passée dans les tranchéesA lire des récits de soldats, des lettres de poilus pendant la première guerre mondialeDes lettres de poilus à écouter…> Une compilation de plusieurs lettres d’un père de famille envoyé au front entre 1914 et 1915. Parti en guerre bardé d’une humeur de champion, malaxé par les propagandes anti-allemand dont le ton montre le désespoir grandissant dans la vie des mois passés dans les tranchées, sous la pluie des obus et en compagnie des Plusieurs lettres éparses du début à la fin de la première guerre mondiale, tristes et prenantes de vérité, à écouter ! À sa Pauline par l’écrivain du Grand Meaulnes qui sera porté disparu au combat en septembre 1914. Il n’avait pas encore 28 ans.> 25 décembre 1914. Le froid, les tranchées et une conversation de Noël qui s’installe de part et d’autre de la ligne de feu.> Récit d’un soldat, 12 août 1914. Ma chérie, Je ne peux exprimer combien je pense à toi. Malgré la longue distance qui nous sépare, j’ai le sentiment de ne faire qu’un avec toi ».En vidéo, des témoignages de poilus sur leur vie passée dans les tranchéesCela ne s’oublie pas, j’y pense encore par moment… La nuit…»A l’époque on était jeune, on ne savait pas…»J’ai perdu mes frères, j’ai perdu mes cousins…»A lire des récits de soldats, des lettres de poilus pendant la première guerre mondiale propos de l'auteur Vues 733 Lettre d’un poilu à sa femme La sentence est tombée je vais être fusillé pour l’exemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus d’obtempérer. » Le 30 mai 1917 Léonie chérie J’ai confié cette dernière lettre à des mains amies en espérant qu’elle t’arrive un jour afin que tu saches la vérité et parce que je veux aujourd’hui témoigner de l’horreur de cette guerre. Quand nous sommes arrivés ici, la plaine était magnifique. Aujourd’hui, les rives de l’Aisne ressemblent au pays de la mort. La terre est bouleversée, brûlée. Le paysage n’est plus que champ de ruines. Nous sommes dans les tranchées de première ligne. En plus des balles, des bombes, des barbelés, c’est la guerre des mines avec la perspective de sauter à tout moment. Nous sommes sales, nos frusques sont en lambeaux. Nous pataugeons dans la boue, une boue de glaise, épaisse, collante dont il est impossible de se débarrasser. Les tranchées s’écroulent sous les obus et mettent à jour des corps, des ossements et des crânes, l’odeur est pestilentielle. Tout manque l’eau, les latrines, la soupe. Nous sommes mal ravitaillés, la galetouse est bien vide ! Un seul repas de nuit et qui arrive froid à cause de la longueur des boyaux à parcourir. Nous n’avons même plus de sèches pour nous réconforter parfois encore un peu de jus et une rasade de casse-pattes pour nous réchauffer. Nous partons au combat l’épingle à chapeau au fusil. Il est difficile de se mouvoir, coiffés d’un casque en tôle d’acier lourd et incommode mais qui protège des ricochets et encombrés de tout l’attirail contre les gaz asphyxiants. Nous avons participé à des offensives à outrance qui ont toutes échoué sur des montagnes de cadavres. Ces incessants combats nous ont laissé exténués et désespérés. Les malheureux estropiés que le monde va regarder d’un air dédaigneux à leur retour, auront-ils seulement droit à la petite croix de guerre pour les dédommager d’un bras, d’une jambe en moins ? Cette guerre nous apparaît à tous comme une infâme et inutile boucherie. Le 16 avril, le général Nivelle a lancé une nouvelle attaque au Chemin des Dames. Ce fut un échec, un désastre ! Partout des morts ! Lorsque j’avançais les sentiments n’existaient plus, la peur, l’amour, plus rien n’avait de sens. Il importait juste d’aller de l’avant, de courir, de tirer et partout les soldats tombaient en hurlant de douleur. Les pentes d’accès boisées, étaient rudes .Perdu dans le brouillard, le fusil à l’épaule j’errais, la sueur dégoulinant dans mon dos. Le champ de bataille me donnait la nausée. Un vrai charnier s’étendait à mes pieds. J’ai descendu la butte en enjambant les corps désarticulés, une haine terrible s’emparant de moi. Cet assaut a semé le trouble chez tous les poilus et forcé notre désillusion. Depuis, on ne supporte plus les sacrifices inutiles, les mensonges de l’état major. Tous les combattants désespèrent de l’existence, beaucoup ont déserté et personne ne veut plus marcher. Des tracts circulent pour nous inciter à déposer les armes. La semaine dernière, le régiment entier n’a pas voulu sortir une nouvelle fois de la tranchée, nous avons refusé de continuer à attaquer mais pas de défendre. Alors, nos officiers ont été chargés de nous juger. J’ai été condamné à passer en conseil de guerre exceptionnel, sans aucun recours possible. La sentence est tombée je vais être fusillé pour l’exemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus d’obtempérer. En nous exécutant, nos supérieurs ont pour objectif d’aider les combattants à retrouver le goût de l’obéissance, je ne crois pas qu’ils y parviendront. Comprendras-tu Léonie chérie que je ne suis pas coupable mais victime d’une justice expéditive ? Je vais finir dans la fosse commune des morts honteux, oubliés de l’histoire. Je ne mourrai pas au front mais les yeux bandés, à l’aube, agenouillé devant le peloton d’exécution. Je regrette tant ma Léonie la douleur et la honte que ma triste fin va t’infliger. C’est si difficile de savoir que je ne te reverrai plus et que ma fille grandira sans moi. Concevoir cette enfant avant mon départ au combat était une si douce et si jolie folie mais aujourd’hui, vous laisser seules toutes les deux me brise le cœur. Je vous demande pardon mes anges de vous abandonner. Promets-moi mon amour de taire à ma petite Jeanne les circonstances exactes de ma disparition. Dis-lui que son père est tombé en héros sur le champ de bataille, parle-lui de la bravoure et la vaillance des soldats et si un jour, la mémoire des poilus fusillés pour l’exemple est réhabilitée, mais je n’y crois guère, alors seulement, et si tu le juges nécessaire, montre-lui cette lettre. Ne doutez jamais toutes les deux de mon honneur et de mon courage car la France nous a trahi et la France va nous sacrifier. Promets-moi aussi ma douce Léonie, lorsque le temps aura lissé ta douleur, de ne pas renoncer à être heureuse, de continuer à sourire à la vie, ma mort sera ainsi moins cruelle. Je vous souhaite à toutes les deux, mes petites femmes, tout le bonheur que vous méritez et que je ne pourrai pas vous donner. Je vous embrasse, le cœur au bord des larmes. Vos merveilleux visages, gravés dans ma mémoire, seront mon dernier réconfort avant la fin. Eugène ton mari qui t’aime tant Source Autrement-Vue Martin Vaillagou est né le 28 juillet 1875 dans le Quercy. Il a épousé sa femme Eugénie en 1900 et il est venu vivre avec elle à Malakoff, près de Paris. Là, ils ont fondé ensemble une entreprise de maçonnerie qui est devenue prospère. Deux enfants sont nés Maurice en 1904, Raymond en 1909... Martin était admirateur de Jaurès et poète à ses heures. Mobilisé comme ses quatre frères, le soldat Vaillagou été tué avec seize autres hommes lors d'une embuscade au coeur d'un petit bois dans la région de Mourmelon, le 25 août 1915, un mois avant la mort de deux de ses frères, tués le même jour et au même endroit. Maurice, son fils aîné qui lui demandait de lui rapporter des balles ennemies et un casque de Prussien, a dû travailler après la mort de son père dans une entre­prise de produits chimiques. Il est mort d'une leucémie foudroyante en janvier 1918, trois ans après son père. Il avait quatorze ans. Voici pour Maurice. Je vais exaucer les voeux à Maurice dans la mesure du possible. D'abord pour les lignes de combat, je vais tra­cer un plan au dos de cette feuille que tu pourras suivre et expliquer à maman, à moins que maman comprenne mieux que Maurice. Pour les balles allemandes, je pour­rai le faire. J'en apporterai quand je reviendrai. Pour le casque de Prussien, cela n'est pas sûr. Ce n'est pas main­tenant le moment d'aller les décoiffer. Il fait trop froid, ils pourraient attraper la grippe. Et puis, mon pauvre Maurice, il faut réfléchir que les Prussiens sont comme nous. Vois-tu qu'un garçon prussien écrive à son père la même chose que toi et qu'il lui demande un képi de Français, et si ce papa prussien rapportait un képi de Français à son petit garçon et que ce képi fut celui de ton papa ? Qu'est ce que tu en penses ? Tu conserveras ma lettre et tu la liras plys tard quand tu seras grand. Tu comprendras mieux. A la place du casque de Prussien, je vais t'envoyer à toi, à Raymond, maman peut les rece­voir aussi, des petites fleurs de primevères que les petits enfants garçons et filles du pays où je suis cueillaient autrefois et qui faisaient leur joie, et que moi, le grand enfant, j'ai cueilli cette année dans leur jardin pour te les envoyer. Je ne les vole pas, elles se perdraient tout de même. Je vous les envoie pour que vous pensiez un peu à leur malheur de n'être plus dans leur maison. Je vois, je mets même mes ustensiles de cuisine sur un petit dodo de ces petits enfants. Il y en a là deux, même que je ne peux voir sans penser à vous et les larmes aux yeux me disent que vous êtes tout de même heureux par rap­port aux autres... Suippes Marne, le 26 août 1914 Vaillagou Martin à ses deux fils Maurice et Raymond Mes chers petits, Du champ de dévastation où nous sommes, je vous envoie ce bout de papier avec quelques lignes que vous ne pouvez encore comprendre. Lorsque je serai revenu, je vous en expliquerai la signification. Mais si le hasard voulait que nous ne puissions les voir ensemble, vous conserverez ce bout de papier comme une précieuse relique; vous obéirez et vous soulagerez de tous vos efforts votre maman pour qu'elle puisse vous élever et vous instruire jusqu'à ce que vous puissiez vous instruire vous-même pour comprendre ce que j'écris sur ce bout de papier. Vous travaillerez toujours à faire l'impossible pour maintenir la paix et éviter à tout prix cette horrible chose qu'est la guerre. Ah ! la guerre quelle horreur!... villages incendiés, animaux périssant dans les flammes. Etres humains déchiquetés par la mitraille tout cela est horrible. Jusqu'à présent les hommes n'ont appris qu'à détruire ce qu'ils avaient créé et à se déchirer mutuelle­ment. Travaillez, vous, mes enfants avec acharnement à créer la prospérité et la fraternité de l'univers. Je compte sur vous et vous dis au revoir probablement sans tarder. Votre père qui du front de bataille vous embrasse avec effusion,

lettre d un poilu à sa femme